Aujourd’hui, nous avons voulu en savoir plus sur le métier méconnu qu’est celui de biographe hospitalier.
Merci à Valérie Bernard qui a accepté de se prêter au jeu de l’interview !
Telegrafik – Bonjour Valérie Bernard, vous êtes biographe hospitalière en EHPAD et en Unité de Soins Palliatifs (USP) à Toulouse, en quoi consiste ce métier exactement ?
Valérie Bernard – La biographie hospitalière est une démarche relativement nouvelle (depuis une quinzaine d’années) et qui consiste à proposer à des personnes gravement malades, prises en charge et accompagnées en soins palliatifs, en HAD ou en EHPAD, d’écrire le livre de leur vie avec l’aide d’un biographe hospitalier formé. Ces personnes sont invitées à raconter leur histoire, à exprimer leurs souvenirs, leurs émotions, puis à l’issue des entretiens reçoivent gracieusement (eux ou un proche qu’ils auront désigné) leur récit sous la forme d’un livre unique relié par un artisan d’art.
Telegrafik – Comment cette démarche est-elle proposée à la personne ?
Valérie Bernard – La proposition est faite par un membre de l’équipe de soins. En effet, il ne s’agit pas d’un passe-temps, mais d’un véritable soin d’accompagnement, qui permet à la personne, d’investir un nouveau projet, de se remettre en mouvement à travers le récit, de revenir à soi. En se racontant, le patient peut revisiter son histoire, lui redonner du sens. Et également, transmettre à ses proches, recréer du lien.
Pour les soignants, la biographie hospitalière renforce la cohésion autour d’un projet humaniste et holistique. La remise du livre, qui a souvent lieu au cœur de l’établissement, est l’occasion pour l’équipe d’accompagner les proches endeuillés et de redonner de la valeur et de la singularité à leur travail. C’est toujours un beau moment de partage.

Telegrafik – Cette démarche est-elle payante ?
Valérie Bernard – Pour le patient, la démarche est entièrement gratuite, car nous la voulons accessible à tous. En revanche, les biographes étant des professionnels, formés à cet effet, sont payés, et font appel à du mécénat privé, à des appels à projet et les établissements, lorsqu’ils le peuvent, complètent.
Telegrafik – Et en EHPAD, comment cette démarche s’articule-t-elle ?
Valérie Bernard – En EHPAD, la démarche est identique et la proposition est également faite par un membre de l’équipe soignante. Nous bénéficions souvent d’un peu plus de temps qu’en USP, ce qui permet à la personne de pouvoir lire son livre, le conserver ou l’offrir directement à ses proches. Nous avons l’habitude de proposer au résident entre cinq et six entretiens, selon son état de santé, ce qui permet de rédiger un bel ouvrage. Notre objectif est toujours de rester dans la mélodie de la personne, transcrire son ton, ses habitudes de langages, ses expressions. L’attention au paraverbal est essentielle également afin de traduire l’émotion partagée durant ce temps de rencontre. Le biographe hospitalier prend grand soin, de ce fait, de la mise en page du récit.
Telegrafik – Un petit mot de conclusion ?
Valérie Bernard – Je terminerai juste en vous citant Paul Ricoeur : « Inviter l’autre à faire son récit, c’est l’inviter à donner du sens, de la cohérence et de l’unité à sa vie ».
Valérie Bernard a fondé l’association Notes de vie ( https://www.notesdevie.org/)
Liens interview audio :
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